Dès le lendemain de la mort de Kafka, des écrivains comme Primo Levi, Jorge Luis Borges ou Alexandre Vialatte l’ont traduit. Ce voyage au cœur des langues et de la traduction ouvre des portes insoupçonnées sur les totalitarismes du XXe siècle

Dix versions de Kafka part d’un constat: «L’année 2024 ne marque pas le centenaire de la mort de Kafka, mais celui de sa naissance.» En effet, dès le lendemain de sa mort, Kafka sera traduit par des écrivains et poètes dans les langues les plus disparates. En roumain par Paul Celan, en italien par Primo Levi, tous deux rescapés des camps et suicidés; en polonais par Bruno Schulz, abattu par un SS; amoureusement en tchèque par Milena Jesenská, qui mourut en déportation; en espagnol par Jorge Luis Borges; en anglais par Eugene Jolas dans la revue Transition; en yiddish par Melech Ravitch; en hébreu, par Yitzhak Schenhar, en français par l’Auvergnat Alexandre Vialatte. Ses premiers traducteurs russes durent garder l’anonymat, sous le régime de la terreur soviétique.

Tout au long de ce voyage en labyrinthe dans lequel elle entraîne son lecteur, Maïa Hruska célèbre la vie à travers l’exploration de l’Histoire, qui raconte sans fin les langues, les frontières et la littérature. Elle pourrait faire sienne cette déclaration du critique russe Mikhail Bakhtine: «Une bonne traduction a un seul auteur qui porte deux noms: celui de l’auteur et celui de son traducteur.»

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