Film d’ouverture du Locarno Film Festival l’été dernier, «Le Déluge», de l’Italien Gianluca Jodice, invite à reconsidérer la fin de Louis XVI et Marie-Antoinette. Un crime de lèse-Révolution?
Attribuée à Louis XV ou à Madame de Pompadour, l’expression «après nous le déluge», qui exprime le manque d’intérêt pour le sort d’autrui et le déni de responsabilité, trouve une sorte d’aboutissement ironique dans Le Déluge, film qui retrace les derniers jours de… son successeur Louis XVI, aux mains de la Révolution. Inversant le point de vue usuel, l’Italien Gianluca Jodice s’y attache à retrouver l’humanité de figures vouées aux gémonies, en s’inspirant du journal de Jean-Baptiste Cléry, valet du roi. Une drôle d’idée, mais réalisée avec un certain brio, après un portrait du poète Gabriele D’Annunzio sur le déclin (Il cattivo poeta, 2020), dans des décors et costumes reconstitués en Italie et avec des acteurs importés de France.
Pas de Bastille, de Versailles, ni même de Tuileries ici. Le récit commence en août 1792 avec l’arrestation du roi et de la reine Marie-Antoinette et leur transfert au Temple, propriété de l’ordre de Malte détruite par la suite. D’abord installée dans le hall du palais, la famille royale (les deux enfants du couple et une sœur du roi sont aussi là) est encore traitée avec un certain respect. Puis ce sera leur séparation et leur transfert dans la tour, où ils ne sont plus que de vulgaires prisonniers en attente de connaître leur sort décidé par la nouvelle Convention. Avec, au bout de cinq mois, la sentence que l’on sait.
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