Le «Nosferatu» de Robert Eggers ne déroule qu’une énième version de «Dracula», à la fois trop longue et trop rapide, pour finir par remettre la faute sur les femmes. Déprimant

Venir après F. W. Murnau (1922) et Werner Herzog (1979) pour signer un nouveau Nosferatu a de quoi vous poser en nouveau géant du 7e art… ou remettre plutôt le téméraire à sa juste place. Ne doutant de rien après les succès d’estime de The Witch, The Lighthouse et The Northman, l’Américain Robert Eggers a donc relevé le défi. Et on ne peut pas dire que sa stature de cinéaste y ait gagné. Au contraire, cette tentative démontre plutôt une incapacité à faire autre chose que de la pure imagerie, largement de seconde main et sollicitant désespérément nos sensibilités émoussées.

Il convient de se rappeler que le Nosferatu original, chef-d’œuvre de l’expressionnisme allemand muet, n’était autre que le Dracula de l’auteur irlandais Bram Stoker transposé en toute illégalité. Après des dizaines de versions anglo-saxonnes de cette même histoire (par Tod Browning, Terence Fisher, John Badham et Francis Ford Coppola), reste-t-il vraiment quelque chose de neuf à en tirer? Même en se replaçant dans le sillage de l’original, on peut en douter. Sans omettre un seul cliché canonique, Eggers ne rajoute guère que des effets spéciaux gore et une bande-son surchargée à un récit par ailleurs maintenu dans son jus de 1838. Et on ne peut pas dire que sa vision de la femme dénote de gros progrès non plus.

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