ÉDITORIAL. L’Hexagone a un nouveau gouvernement, mais ses institutions font de plus en plus penser à celles de la IVe République, connue pour son instabilité politique que le régime actuel devait justement éviter

François Bayrou, nommé premier ministre le 13 décembre dernier et dont le gouvernement a été annoncé ce 23 décembre, est la quatrième personne à occuper l’Hôtel de Matignon la même année. Une première sous la Ve République. Pour retrouver une même configuration, il faut remonter à… 1946, millésime de transition entre les «gouvernements provisoires» ayant suivi la Libération et la IVe République, qui commença le 27 octobre. Cette année-là, le premier de la liste était un certain Charles de Gaulle, héros de la Seconde Guerre mondiale allergique au «régime des partis» que les futures institutions risquaient d’instaurer selon lui. Il avait donc démissionné, convaincu qu’il fallait à la France un «exécutif fort» pour garantir la stabilité. Douze ans plus tard, il revenait au pouvoir, passait la Ve et faisait entrer le pays dans le système encore en vigueur aujourd’hui.

Sauf que la machine est grippée, la panne guette. Tant que deux pôles politiques pouvaient gouverner par alternance (même si ce fut bien plus souvent la droite que la gauche), cela a fonctionné. Mais, en 2017, Emmanuel Macron a renversé la table, pensant relancer le pays avec un positionnement centriste, piochant à gauche et à droite ce (ou plutôt ceux) qu’il lui fallait pour gouverner. Ça a marché durant le premier mandat présidentiel car le nouveau camp avait écrasé les autres forces parlementaires et obtenu la majorité absolue. Cela s’est fragilisé en 2022, avant de s’effondrer cette année à la dissolution de l’Assemblée nationale.

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