CHRONIQUE. L’économie russe est en plein boom selon les chiffres officiels, quand l’Ukraine tire la langue. Le paradoxe veut que la situation puisse bien s’inverser une fois que la guerre sera terminée, écrit notre chroniqueur Charles Wyplosz
L’intendance, on le sait, est cruciale pour la conduite de la guerre, et cela vaut bien sûr pour le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Comme en matière militaire, la situation est profondément asymétrique. Le gouvernement russe dispose de très amples ressources et il les consacre amplement à la guerre, alors que l’Ukraine tire la langue. Mais cette image doit être nuancée, sachant qu’en temps de guerre, les informations disponibles sont sujettes à caution.
L’économie russe est en plein boom. La croissance a été de presque 4% en 2024, ce qui n’est pas surprenant pour une économie de guerre, lorsque les dépenses militaires explosent. La production d’équipements militaires, qui couvre un vaste champ d’activité, et les salaires de plus en plus généreux versés aux soldats (et à leurs familles en cas de décès) rendent la politique budgétaire très puissamment expansionniste. Le chômage a pratiquement disparu face à une très forte demande de main-d’œuvre alors que l’offre semble en baisse, en raison des pertes au combat et des fuites à l’étranger – les chiffres sont mal connus. On pourrait s’attendre à un énorme déficit budgétaire, mais il est officiellement faible. Les explications incluent une hausse des revenus du pétrole – une mesure de l’inefficacité des sanctions – et des rentrées d’impôts rendues abondantes par la croissance et une pression fiscale accrue.
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