Avec «Tourist Trap», à l’affiche jusqu’à samedi à Lausanne, le musicien et metteur en scène suisse offre un spectacle drôlement enchanteur sur fond d’apocalypse annoncée
L’hôtel d’un rêve, au Théâtre de Vidy. C’est Thom Luz, cet extraordinaire musicien zurichois capable de faire d’une petite fugue une météo de l’âme, qui l’a imaginé – et ce sont ses cinq interprètes merveilleusement de guingois qui vous accueillent. Ils vous offrent les vestiges de leurs jours: trois tables de restaurant orphelines de leurs chandeliers avec comme tout horizon une balustrade de noyé. Mais là-dessus, l’adagio d’un guitariste aux verres fumés vous pique l’épiderme. Les aiguilles suaves d’une rumba. Vous êtes au seuil de Tourist Trap, la nouvelle création de ce veilleur de nuit de Thom Luz. Il voudrait que vous soyez somnambule avec lui, vous ne lui résistez pas.
Thom Luz, 42 ans, est du genre astronome et spirite. Il fait tourner les tables dans l’espoir qu’une étoile chante. A Lausanne, comme à la Comédie de Genève récemment, ses spectacles dérèglent les fuseaux horaires pour vous projeter dans une dimension qui est celle d’un songe burlesque, fantastique et saturnien à la fois. Ici et surtout ailleurs. Quelle grâce. Tourist Trap se déploie sur cette passerelle branlante, en bordure de précipice. On jouit du vide, parce qu’on s’agrippe au garde-fou – l’art sert aussi à cela – et parce qu’on est bien accompagné.
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