En se fondant sur son expérience de femme lesbienne, Hélène Giannecchini dessine les contours d’un sentiment qui relève d’un choix au potentiel subversif encore insoupçonné

Le repas de famille idéal selon Hélène Giannecchini? Aux places d’honneur siégeraient face à face la théoricienne Monique Wittig et la poétesse Audre Lorde. Parmi les convives figureraient Virginia Woolf, Leslie Feinberg, Claude Cahun, Renée Vivien et d’autres icônes de la culture queer. Et des personnes moins connues ou anonymes découvertes à travers les archives. A cette famille choisie, cimentée par le partage de rêves et d’aspirations communes, l’autrice donne un nom: amitié.

Dans son nouvel essai, Un Désir démesuré d’amitié, Hélène Giannecchini dessine les contours éthiques, politiques et pratiques de ce sentiment si fondamental dans son existence de femme lesbienne. L’amitié, comment la définir, comment la vivre? Elle est plus signifiante que les liens du sang, plus durable que le sentiment amoureux. Pourquoi faire tant de cas des ruptures amoureuses alors que la fin d’une amitié blesse davantage et ne cicatrise pas avec le temps? Et pourquoi devrait-on réserver au temps de l’enfance l’amitié ardente et exclusive, celle des matelas collés pour se chuchoter des confidences toute la nuit dans une langue secrète? Et céder à l’âge adulte à l’injonction sociale de se consacrer à des occupations soi-disant plus sérieuses comme la vie familiale et professionnelle? En quoi l’amitié peut-elle être un outil déterminant au service de l’histoire qu’elle entend raconter, une histoire féministe, minoritaire et queer?

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