A Bruxelles, le secrétaire d’Etat américain a rencontré le patron de l’OTAN, puis s’entretiendra avec son homologue ukrainien et des dirigeants de l’UE. L’administration Biden veut livrer près de 9 milliards d’aide américaine à Kiev avant l’arrivée du républicain à la Maison Blanche

L’opération pourrait s’appeler «Sauvez les meubles». Alors que Donald Trump distille ses nominations de ministres au compte-goutte, Antony Blinken, le chef de la diplomatie de Joe Biden, a organisé un déplacement rapide à Bruxelles, histoire de consolider et surtout d’accélérer la livraison de l’aide militaire à l’Ukraine. La crainte que le nouveau locataire de la Maison-Blanche gèle l’aide à Kiev est réelle. Pour Antony Blinken, il s’agit avant tout d’anticiper le détricotage de la politique américaine envers l’Ukraine qui pourrait survenir dès le 20 janvier. Et de chercher à remotiver ses interlocuteurs européens, inquiets du changement de paradigme. «Nous comptons sur les Européens et d’autres pour soutenir fermement l’Ukraine», a-t-il insisté, alors que Kiev subissait une attaque russe de missiles et de drones.

Plus de 60 milliards de dollars d’aide

C’est donc avec un sentiment d’urgence qu’Antony Blinken s’est rendu à Bruxelles, pour s’employer à renforcer l’alliance transatlantique. Mercredi, il a d’abord rencontré Mark Rutte, le nouveau patron de l’OTAN, parfois décrit comme étant capable de «murmurer à l’oreille» de Donald Trump. Puis, devait s’entretenir avec des responsables de l’UE: Josep Borrell, actuel chef de la diplomatie de l’UE, et Kaja Kallas, qui devrait lui succéder si le Parlement européen valide sa nomination. Cette visite intervient après deux sommets européens, qui se sont déroulés à Budapest le 7 et le 8 novembre, fortement imprégnés des résultats de la présidentielle américaine.

Lire aussi: A Budapest au lendemain de la victoire de Trump, les leaders européens s’échinent à «ne pas disparaître géopolitiquement»

Arrivé mardi soir dans la capitale belge, le secrétaire d’Etat américain a également rencontré son homologue ukrainien Andriï Sybiga. Alors que Donald Trump s’est déjà entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, mais également, selon le Washington Post, avec le président russe Vladimir Poutine, auquel il aurait demandé de ne pas provoquer d’escalade dans la guerre. Le Kremlin dément toutefois que les deux hommes se soient parlés.

Lire aussi: A Budapest, Viktor Orban savoure la victoire de Donald Trump, et l’UE s’interroge

Une «réponse ferme» face aux Nord-coréens

Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, les Etats-Unis ont dépensé plus de 60 milliards de dollars en aide militaire pour Kiev. Environ 9 milliards de dollars de la dernière enveloppe d’aide votée au printemps par le Congrès restent à attribuer. Et c’est bien cette somme, qui devrait se concrétiser à la fois en finançant de nouveaux contrats d’achats d’armes et en puisant dans les stocks d’armements du pays, que l’administration Biden est déterminée à utiliser jusqu’à la moelle.

Kiev devrait recevoir prochainement de nouveaux véhicules blindés et des munitions pour armes légères. Malgré son insistance, Volodymyr Zelensky ne verra en revanche pas les Américains accepter l’utilisation de leurs missiles de longue portée sur territoire russe. Mais Antony Blinken a promis que «chaque dollar» prévu pour accélérer l’aide à l’Ukraine serait dépensé tant qu’il est encore en place.

La présence de milliers de soldats nord-coréens aux côtés des Russes vient de donner un tournant inédit à la guerre. Le chef de la diplomatie américaine s’en est inquiété mercredi, aux côtés de Mark Rutte pendant une conférence de presse. «Les forces nord-coréennes engagées dans la bataille, et maintenant, littéralement dans les combats: ce nouvel élément exige une réponse ferme, qui sera obtenue», a-t-il insisté, en évoquant un «développement profondément et incroyablement dangereux». Le patron de l’OTAN a également rappelé le rôle de la Chine et de l’Iran dans le conflit. Autant d’appels pour que les Européens augmentent leurs capacités de défense.

Le choix du futur secrétaire d’Etat américain sera déterminant, alors que Donald Trump assure être capable de mettre fin à la guerre «dans les 24 heures». Un des noms qui circulent avec insistance est celui du sénateur républicain de Floride Marco Rubio. En attendant, un changement de taille a déjà été opéré: la coordination de l’aide militaire à l’Ukraine, assurée jusque-là par les Américains, a été entièrement confiée à l’OTAN.