Les puits de carbone sont-ils en train de s’épuiser? Selon de nouvelles données du Global Carbon Projet, les nombreux évènements climatiques survenus en 2023 ont influencé ce mécanisme naturel
En 2023, face aux fortes chaleurs et aux feux de forêts intenses, il semblerait que les puits de carbone aient beaucoup moins bien fonctionné que prévu. Cette année-là, ils auraient absorbé autour de 2 milliards de tonnes de CO2, contre plus de 9 milliards en 2022, selon une étude publiée en octobre dernier dans la revue National Science Review.
Le nouveau rapport du Global Carbon project, rendu public le 12 novembre, confirme cette tendance préoccupante. En 2023, l’absorption de CO2 par les puits de carbone terrestres aurait été deux moins efficace qu’une année normale.
Si les océans ont plus ou moins absorbé les mêmes quantités de gaz à effet de serre que d’habitude, ce sont surtout les forêts qui ont été malmenées. Incendies au Canada et en Sibérie, sécheresse extrême en Amazonie pendant six mois, entre autres, auraient empêché ce processus naturel de bien se dérouler. Et si 2023 a été plutôt exceptionnel, on remarque quand même depuis une dizaine d’années que les forêts absorbent moins bien avec la hausse des températures.
«Moins de séquestration de carbone par la biosphère terrestre signifie plus de CO2 dans l’atmosphère et donc plus de réchauffement», précise Nina Buchmann, professeure titulaire au Département des sciences des systèmes environnementaux de l’ETH Zurich. Toutefois, ils ne doivent pas représenter une solution face aux émissions croissantes: «Ils sont très importants mais ne peuvent pas compenser toutes les émissions de CO2», ajoute Nina Buchmann, pour qui la priorité doit être de réduire les émissions. Avant de terminer: «nous devons protéger les puits de carbone existants, tels que les forêts anciennes, les tourbières et le carbone du sol, et veiller à ce que la végétation terrestre séquestre le carbone».