Parcourir la 17e Biennale d’art contemporain, c’est entendre aussi bien des cocottes-minute que des berceuses. C’est parfois aussi faire place au silence pour mieux prendre conscience des non-dits

Les Voix des fleuves – Crossing the Water, tel est le titre donné à la 17e Biennale d’art contemporain de Lyon par sa curatrice, Alexia Fabre. C’est dire si la directrice des Beaux-Arts de Paris a inscrit son projet dans la ville que baignent la Saône et le Rhône. Depuis sa création, en 1991, la manifestation visite des friches industrielles. Les premières éditions avaient investi les anciens abattoirs, classés monuments historiques en 1975, devenus la salle de concerts Halle Tony Garnier. Depuis, il y a eu les entrepôts de la Sucrière, d’anciennes usines de textile ou d’électroménager. En 2024, ce sont les Grandes Locos qui accueillent la plus grande des expositions.

Dans le quartier de la Mulatière, au sud encore de la confluence des cours d’eau, cet ancien centre technique de la SNCF où ont été fabriquées les premières locomotives françaises au XIXe siècle, se transforme peu à peu en lieu culturel. L’endroit est encore dans son jus. On le voit quand, dans la halle principale, on lève les yeux vers les voûtes vers Mortier Fati, Lignes de lumière, du Québécois Michel de Broin. Ses délicats tubes fluorescents semblent posés comme des pansements de mortier sur les fissures d’un bâtiment. Le titre évoque l’amor fati nietzschéen, l’amour du destin…

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