La Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs a fait analyser les sols dans l’hypothèse d’une nouvelle glaciation. L’organisation doit déposer une demande dans quelques jours

Même si le changement climatique provoque la fonte des glaciers, la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra) a voulu étudier les risques causés par une éventuelle nouvelle glaciation sur l’entreposage des déchets nucléaires. L’instance a fait étudier des sédiments déposés dans les profondeurs d’anciens lacs glaciaires, vieux de 600 000 ans.

Bonne nouvelle: ces couches n’ont jamais été érodées par la glace, a indiqué mardi l’Institut de recherche sur l’eau Eawag. Un site de dépôt final pour les déchets nucléaires doit être sûr, même si, dans un avenir très lointain, les glaciers des Alpes devaient à nouveau avancer jusqu’au Plateau suisse.

En septembre 2022: Le site suisse du futur dépôt de déchets nucléaires est connu

L’histoire des derniers 2,6 millions d’années

Une équipe de recherche comprenant également des scientifiques de l’EPF de Zurich et des universités de Bâle et de Berne a analysé les sédiments extraits par la Nagra près de Bülach, dans la région zurichoise. La carotte, longue de 278 mètres, retrace presque toute l’histoire géologique du Quaternaire, soit les derniers 2,6 millions d’années. Les scientifiques se sont particulièrement intéressés aux sédiments déposés dans un lac allongé qui devait s’étendre jusqu’à Bülach, une sorte de paléo-Greifensee.

Les experts Armin Pechstein et Seraina Kauer sur le site à Stadel, 30 octobre 2024. — © MICHAEL BUHOLZER / keystone-sda.ch
Les experts Armin Pechstein et Seraina Kauer sur le site à Stadel, 30 octobre 2024. — © MICHAEL BUHOLZER / keystone-sda.ch

Cette auge fut d’abord creusée par les glaciers alpins, avant d’être remplie de dépôts sédimentaires. Deux questions se sont alors posées: quel âge a cette auge? Et a-t-elle été vidée lors des avancées glaciaires ultérieures?

En effet, même si les signaux climatiques actuels indiquent un réchauffement, une nouvelle période froide pourrait survenir à l’avenir. Un site de stockage en profondeur pour les déchets radioactifs doit rester sûr pendant un million d’années, même face à de nouvelles avancées glaciaires.

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Pas d’érosion ultérieure

Pour déterminer l’âge des sédiments, les scientifiques ont utilisé une méthode sophistiquée qui se fonde sur les concentrations d’hélium 4 dans de minuscules quantités d’eau contenues dans les pores des sédiments.

Armin Pechstein, hydrogéologue, dans l'installation, le 30 octobre 2024. — © MICHAEL BUHOLZER / keystone-sda.ch
Armin Pechstein, hydrogéologue, dans l'installation, le 30 octobre 2024. — © MICHAEL BUHOLZER / keystone-sda.ch

Selon ces résultats publiés dans la revue Geology, les couches sédimentaires du paléo-Greifensee datent d’environ 600 000 ans. Elles sont donc nettement plus anciennes que les avancées de la dernière période glaciaire.

Qualifiée d’auge de Strassberg par les spécialistes, cette cuvette a cessé d’être érodée. Le niveau d’argile à Opalinus, situé à plus de 500 mètres de profondeur et déposé il y a environ 174 millions d’années, est resté intact. En d’autres termes: selon les connaissances actuelles, même une avancée exceptionnelle du glacier du Rhin et de la Linth, provenant des Grisons et du canton de Glaris, ne suffirait pas à déloger les déchets nucléaires éventuellement déposés dans l’argile à Opalinus.

La Nagra doit déposer le 19 novembre auprès de la Confédération sa demande d’autorisation pour la construction du dépôt prévu sur le versant nord du massif des Lägern. Le choix d’un site à Stadel, dans le canton de Zurich, date de septembre 2022. Le début des travaux de construction est envisagé en 2045.