ÉDITORIAL. Alors que les relations avec l’Union européenne se compliquent et que les locomotives française et allemande calent, diversifier les risques, en multipliant les partenariats économiques, s’impose comme la légitime défense de nos intérêts. Priorité absolue: les Etats-Unis

Vu de Suisse, quel contraste entre les deux côtés de l’Atlantique la semaine dernière! D’un côté, une Union européenne (UE) adoptant une «déclaration de Budapest sur le nouveau pacte pour la compétitivité européenne». En clair: un plan d’action en 12 points pour ne pas être larguée avec, à la manœuvre, la Commission européenne, soit l’appareil bruxellois. Quant au rythme de mise en œuvre, il s’annonce sénatorial. Les locomotives française et allemande étant quasi à l’arrêt, le convoi européen offre peu de perspectives de grande vitesse.

Outre-Atlantique, c’est au contraire une impression de mouvement et de cohérence économique qui se dégage du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Avec un Congrès probablement aligné, le républicain aura les coudées franches pour mettre en œuvre un programme où la croissance économique et la lutte contre l’inflation tiennent une place centrale. L’homme de Mar-a-Lago voudra aller vite, conscient que les fameuses «midterms» (élections de mi-mandat) sont souvent synonymes de correctif de l’élection présidentielle, au niveau du parlement.

Suisse-UE: entre voie royale et chemin de croix

Pour l’économie suisse, une voie bilatérale avec l’UE, solide et stable, est essentielle. De bonnes relations avec nos voisins s’imposent comme des évidences économique, géographique, culturelle. Mais il est à ce stade difficile de se faire une idée de ce que nos négociateurs ramèneront de Bruxelles.

Lire aussi: Guy Parmelin rencontre les lecteurs du «Temps»: «Nous voulons stabiliser nos relations avec l’Union européenne»

Ces dernières années, les relations Suisse-UE se sont objectivement dégradées. Il y a eu les mesures unilatérales de l’Union européenne contre la Suisse, par exemple sur l’équivalence boursière. C’est aussi le Conseil fédéral tirant la prise de l’accord institutionnel en mai 2021. Malgré la relance des négociations en mars dernier, le scepticisme, à gauche comme à droite, ne diminue pas. Cette voie royale, qui fête ses 25 ans, donne parfois l’impression d’être devenue un chemin de croix pour le Conseil fédéral.

Face au tortillard européen, le Trump Express pourrait donner le rythme

Dans cette constellation très incertaine, diversifier les risques en multipliant les partenariats économiques relève de la légitime défense de nos intérêts. Parmi les alliés à privilégier: les Etats-Unis. Que ce soit sous la forme d’un complexe accord de libre-échange, d’ententes sectorielles ou de collaborations, par exemple dans les domaines de la formation et de la recherche. Le fait qu’ils soient déjà le premier partenaire commercial, devant l’Allemagne, illustre ce dynamisme prometteur.

Face au tortillard européen, le Trump Express pourrait donner le rythme de notre croissance ces prochaines années. Pour la Suisse, il ne s’agit pas de choisir entre Bruxelles et Washington, mais bien de mondialiser ses perspectives.

Notre synthèse sur la présidentielle américaine: Retour en force de Donald Trump: la couverture par «Le Temps» d’une onde de choc mondiale