Dissection, numérisation des tissus, analyse des cellules par ordinateur et machine learning: au sein du département diagnostique des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), l’intelligence artificielle progresse sans cesse. Immersion

Laura Rubbia-Brandt est médecin, cheffe du service de pathologie clinique et directrice du département diagnostique des HUG. Depuis cinq ans maintenant, elle a ajouté des outils à sa mallette: en plus du microscope, elle utilise tous les jours des programmes informatiques pour diagnostiquer les pathologies dans les échantillons qu’elle reçoit. «C’est extrêmement précis et mon œil n’arriverait pas à faire ça. Si je devais le faire avec mon œil, ça me prendrait plusieurs minutes», confie-t-elle. Le Temps a suivi Laura Rubbia-Brandt pour comprendre pourquoi et comment l’IA nous soigne déjà.

Une technologie rassurante

«On scanne 250 000 lames par année, environ 1000 à 1500 lames par jour. C’est aussi le meilleur pour nous. On est moins exposés aux produits chimiques», explique la chercheuse.

La technologie est en constante évolution à l’intérieur du service. Nicolas Brandt-dit-Grieurin est développeur et travaille en particulier à l’élaboration des outils basés sur l’intelligence artificielle pour analyser les images de pathologie. Il a étudié la médecine «il y a de nombreuses années» puis l’informatique par la suite. «Ce n’est pas seulement un gain de temps, c’est aussi une double lecture. Si le modèle informatique ne voit rien, c’est que probablement il n’y a rien à voir non plus. C’est moins de charge mentale, disons. Ça rassure.»

La propriété des logiciels en question

Plusieurs hôpitaux suisses ont sauté le pas de l’intelligence artificielle, que ce soit pour le diagnostic ou l’organisation. Chacun à sa façon, parce que la réglementation en la matière est actuellement plutôt légère. Un débat revient souvent: l’origine et la propriété des logiciels. Google et consœurs ont cerné le filon et développent des solutions. Force est de constater qu’il existe une méfiance vis-à-vis des investissements des GAFAM ou d’autres entreprises actives dans la santé.