Pendant des mois, la rédaction du «Temps» a couvert une campagne présidentielle décisive. Retour sur nos reportages et analyses pour saisir la vague rouge qui a déferlé sur les Etats-Unis et décrypter les grands enjeux de l’arrivée de son 47e président

Le 5 novembre, le monde avait les yeux rivés sur les Etats-Unis. Ceux des journalistes du Temps aussi. Pendant des mois, les membres de la rédaction ont couvert une campagne présidentielle de tous les superlatifs, marquée notamment par des financements démesurés, la question des droits des femmes, le pouvoir d’achat et l’immigration.

Le pays a finalement viré au rouge, des grands électeurs au vote populaire, en passant par le Sénat. Comment expliquer le résultat républicain? Quelles seront les répercussions sur les grands dossiers géopolitiques, comme le Moyen-Orient? Et pour la Suisse, dont les Etats-Unis sont le premier partenaire commercial? Morceaux choisis de nos décryptages, analyses et reportages.

Comprendre les facteurs de la vague républicaine

L'opinion

La défense de la démocratie n’a pas convaincu les Américains

Les sondages à la sortie des urnes laissent entendre que la sauvegarde de la démocratie a été au cœur des préoccupations des Américains. On est en droit d’en douter. L’argument n’a visiblement pas porté. Au cours de la présidentielle 2024, l’idée de défendre la démocratie est quasiment apparue comme un concept abstrait, semblant montrer que tant qu’on n’a pas vécu dans une dictature, on ne se rendra jamais compte des bienfaits de l’Etat de droit. Avec la réélection de Donald Trump, nombre de questions se posent pourtant quant au maintien du fonctionnement démocratique des Etats-Unis.

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Stéphane Bussard, Washington

L'opinion

Dans les urnes, le porte-monnaie a toujours le dernier mot

Candidate malheureuse, Kamala Harris a tenté de se profiler sur la thématique du pouvoir d’achat mais s’est heurtée au bilan de l’administration Biden qui lui colle à la peau. Ironiquement, le président sortant sera probablement à l’avenir associé à l’Inflation Reduction Act, un plan dont le nom ne reflétait pas le contenu, tandis que la candidate démocrate devra en grande partie sa défaite à une inflation maîtrisée trop tardivement. Réélu, Donald Trump fera-t-il mieux durant son prochain mandat? Le républicain bénéficie en tout cas d’une situation de départ bien plus confortable puisque la pression sur les prix s’est atténuée.

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Aline Bassin

Pour aller plus loin

Pourquoi le républicain continue d’être sous-estimé dans les sondages

Selon les résultats préliminaires, le 47e président des Etats-Unis a réalisé dans les swing states une percée plus importante que prévu, mais le décalage avec Kamala Harris n’est pas si surprenant, au vu des deux dernières élections. Les sondages s’étaient également trompés en 2016… Mais aussi en 2020, où la victoire de Biden fut moins large que prévu. Les causes sont incertaines et la sociologie nouvelle de l’électorat républicain semble échapper aux études d’opinion.

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Grégory Rozières

L’explication

Les hésitations des hommes afro-américains à voter pour Kamala Harris

A quelques jours des élections, seuls 70% des hommes afro-américains se disaient disposés à voter pour la vice-présidente, contre 85% pour Joe Biden quatre ans plus tôt. Pourtant, les Afro-Américains ont profité davantage de la bonne santé de l’économie sous Biden que sous Donald Trump, qui ne cesse de prétendre, à tort, que les Noirs étaient mieux lotis quand il était encore au Bureau ovale. L’activiste Joe Paul le confie au Temps: les démocrates ont trop longtemps pris le vote des Noirs pour argent comptant.

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Stéphane Bussard, Dearborn

Pour aller plus loin

Les voix des Latino-Américains, l’autre vote qui a échappé à Kamala Harris

Le réservoir de votes bleus dans l’électorat hispanique s’est considérablement tari pour les démocrates, qui n’avaient pas réalisé d’aussi mauvais scores depuis 2004. Le milliardaire a même réussi le tour de force d’être le premier républicain à obtenir une majorité de voix hispaniques masculines.

Plusieurs raisons peuvent expliquer le désaveu pour les démocrates: une population qui appartient davantage à la classe ouvrière, et donc plus sensible à la promesse d’une bonne santé économique, ainsi que des valeurs portées par la candidate qui n’ont pas fait mouche auprès d’une certaine partie de la population.

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Léo Tichelli, San Francisco

Pour aller plus loin

Peur de l’immigration, vie chère, amnésie… Les ressorts de l’insubmersible Donald Trump

A moins de deux semaines du scrutin du 5 novembre, Donald Trump et Kamala Harris étaient au coude-à-coude. Au début de sa campagne éclair, après avoir remplacé le président Joe Biden, Kamala Harris a tenté de vendre aux Américains la «joie» et la confiance en l’avenir. Plus que jamais, Donald Trump, lui, a joué sur les peurs des électeurs, à commencer par celle de l’immigration. Et il avait du grain à moudre.

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Simon Petite, Miami

La montée en puissance de Donald Trump en un graphique

Plus de graphiques: Les résultats des élections américaines depuis 2020, Etat par Etat et comté par comté

Le jour J aux côtés des Américains

Pour aller plus loin

En Floride, dans l’attente de la victoire et des premiers mots de Donald Trump

«Je suis pour l’avortement, c’est une affaire entre chaque femme et Dieu», dit Maria Vinas, une latina pro-Trump, comme l’indique sa casquette rouge. «Mais les parents doivent avoir leur mot à dire sur l’avortement des mineurs dont ils ont la responsabilité.» A ses côtés, des étudiants sont venus jusqu’ici, croyant que le meeting de la victoire de Donald Trump serait un événement public. «A l’entrée, ils m’ont dit que le premier prix était de 15 000 dollars, 50 000 dollars pour les meilleures places», dit Christophe Backlund, un étudiant de sciences politiques qui a voté une seconde fois pour Donald Trump ce 5 novembre, comme il y a quatre ans. «L’économie était en meilleure santé quand il était président», assure-t-il.

Le reportage est à retrouver ici

Simon Petite, Palm Beach

Pour aller plus loin

A San Francisco, berceau de Kamala Harris, entre espoir et peur

Devant l'Hôtel de Ville de San Francisco, où se trouvent des bureaux de vote, le 5 novembre 2024. — © Léo Tichelli
Devant l'Hôtel de Ville de San Francisco, où se trouvent des bureaux de vote, le 5 novembre 2024. — © Léo Tichelli

L’entrée dans l’Hôtel de Ville ressemble à celle d’un aéroport, avec portique de sécurité et rayon X. Les électeurs font sagement leur choix de candidat au sous-sol de l’immense bâtiment de style Beaux-Arts et de ses marbrures gigantesques.

Alors que les Etats-Unis attendent l’un des scrutins les plus serrés de leur histoire, l’une des agentes électorales explique que les bureaux de vote de la ville sont plutôt exempts de tensions: «Les électeurs n’ont pas le droit de porter d’habits militant pour l’un ou l’autre candidat à moins de 30 mètres des bureaux de vote: pas de casquette MAGA ni de t-shirt Kamala Harris, informe-t-elle. Quant aux agents, ils ne se sentent pas en danger, ce sont plutôt les personnes en haut de la hiérarchie, certifiant les résultats, qui peuvent être la cible de menaces.»

Lire le reportage

Léo Tichelli, San Francisco

La guerre des sexes dans les urnes

Pour aller plus loin

Les Américaines n’ont pas réussi à faire élire Kamala Harris

Kamala Harris échoue, comme Hillary Clinton en 2016, à devenir la première présidente des Etats-Unis. Selon les sondages à la sortie des urnes, les électrices ont préféré la candidate démocrate à 54% contre 44% pour Donald Trump. Les hommes ont fait le choix inverse dans les mêmes proportions.

Un constat s’impose d’ores et déjà: le fossé entre les deux sexes n’a pas été plus grand que lors des précédentes élections. L’avortement était l’un des thèmes majeurs de la campagne, mais jugé moins important que la situation économique ou l’immigration, sur lesquels Donald Trump a toujours eu l’avantage.

Notre article ici

Simon Petite, Miami

L’explication

Une image d’hypermasculinité pour reconquérir la Maison-Blanche

Donald Trump a adopté durant la campagne une posture patriarcale axée sur une masculinité réaffirmée. Avec un enjeu clair: convaincre le maximum d’hommes à glisser un bulletin dans l’urne en faveur du milliardaire. Ce dernier a creusé un écart important avec sa rivale démocrate Kamala Harris dans cette catégorie de l’électorat. Son admiration pour «l’homme fort» à l’image du président turc Erdogan ou du leader nord-coréen Kim Jong-un participe de ce positionnement, marqué durant la campagne par la vulgarité et des déclarations crues à connotation sexuelle.

Notre analyse à lire en intégralité

Stéphane Bussard, Washington

Pour aller plus loin

Comment les démocrates ont tenté de conquérir les épouses de trumpistes