CHRONIQUE Trop peu d’étudiants saisissent l’opportunité de passer du temps au sein d’une haute école à l’étranger, regrette notre chroniqueuse, qui observe les nombreux effets positifs qu’ont ces expériences

La Suisse estudiantine ne voyage pas assez. Je ne parle pas des vacances, ni du break sabbatique de plusieurs mois, mais bien du semestre ou de l’année que l’on passe au sein d’une haute école à l’étranger.

Seul un petit sixième des jeunes en cursus estudiantin participe à une expérience dans un pays tiers. En comparaison internationale, c’est très peu. Et l’excuse de la non-participation de la Suisse à Erasmus+ (le Conseil fédéral a fait de la réadmission de notre pays à ce programme un objectif prioritaire dans les négociations actuelles avec l’Union européenne) n’explique de loin pas tout. Il y a, pour toutes sortes de raisons, une certaine réticence suisse à sortir des rails nationaux et même locaux, pour s’aventurer ne serait-ce que quelques mois ailleurs.

Prise de conscience

Mais l’ailleurs est-il meilleur? A cette question normative, je serais tentée de répondre dans le même registre: oui, toujours! Il ne s’agit pas de dire que l’herbe est plus verte chez le voisin, car il n’y a là aucune opposition, mais une addition – pour la vie!

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Je reviens d’une séquence intense de déplacements, dans le cadre de mon activité de rectrice d’une HES associée à l’alliance de hautes écoles Unita et de présidente de Swissuniversities, et j’ai notamment eu le plaisir de partager un événement festif avec des étudiants suisses temporairement installés à Bruxelles. J’ai été frappée par deux éléments qui émanaient de nos discussions: d’abord, une sagacité née d’être exposés à d’autres formes d’apprentissage et de transmission des connaissances que celles que nous pratiquons en Suisse; ensuite, une prise de conscience individuelle des choses de la vie et de la marche du monde, qui se traduisait dans des échanges où je sentais une maturité et une ouverture à l’autre directement liées à ce séjour loin des repères habituels.

L’European Degree, nouveau programme international

La mobilité en formation est une affaire individuelle et collective. Aujourd’hui, l’Europe se met en quatre pour promouvoir l’European Degree, un nouveau programme international et interdisciplinaire qui vise à émettre des certifications reconnues automatiquement par toutes les institutions qui y participeront, sur une base volontaire. Ces titres, résolument orientés vers les disciplines et les compétences d’avenir, ouvriront la voie à des processus de recrutement facilités.

Une démarche qui s’inscrit dans ce que l’ancien président du Conseil italien Enrico Letta a désigné, dans son rapport paru en avril 2024 sur l’avenir de l’Union européenne baptisé «Much more than a market» (Bien plus qu’un marché), comme la cinquième liberté: celle de l’accès à la connaissance.

Car aller voir ailleurs, c’est aussi élargir les bases d’une égalité des chances, permettre au plus grand nombre de se confronter aux savoirs, aux techniques, aux pratiques qui donnent du sens à la vie et qui en améliorent le quotidien. A l’initiative de l’agence Movetia, qui est chargée de la mobilité et des échanges pour les jeunes en formation, je participe avec enthousiasme à la campagne «learningbygoing», qui veut mettre en avant les séjours à l’étranger. Plusieurs formats existent, ainsi que des solutions pour toutes les situations individuelles. Il suffit de se renseigner. L’ailleurs vous attend, pour le meilleur!

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