ÉDITORIAL. Le financement uniforme des prestations médicales sur lequel nous voterons le 24 novembre promet plus de transparence et d’efficience dans le système de santé. Même si l’influence de la réforme sur les coûts est discutable, il faut aller de l’avant
Le financement de la santé est le principal casse-tête politique de ces dernières décennies. Toutes les tentatives de réformer le système ont échoué, que ce soit au parlement ou dans les urnes. Les primes ont augmenté de 24% depuis 2023, du jamais vu. Le moment est venu du fameux changement de paradigme. Celui qui laisse moins de place aux lobbies et donne aux politiques le courage de ficeler un paquet réaliste et équilibré; celui qui ne réveille pas la crainte d’un rationnement des prestations ou d’une diminution de la qualité des soins.
La réforme proposée devrait permettre d’en finir avec de mauvaises incitations, et c’est déjà énorme. Un financement uniforme par les cantons et les caisses maladie pour les prestations de soins va favoriser les actes médicaux en ambulatoire et le maintien à domicile des plus âgés. Ce qui devrait permettre aux établissements engorgés de relâcher un peu la pression. Le partage des coûts obligera au partage des préoccupations, et donc à une meilleure coordination dans le choix des traitements et à une efficience améliorée du système. Au vu des blocages des vingt dernières années, c’est inespéré.
A cette aune, le référendum des syndicats est à la fois dogmatique et stratégique.
Il instrumentalise la méfiance des Suisses envers les assureurs – le même ressort avait déjà fait capoter les réseaux de soins lors de la votation de 2012 – de manière irresponsable. Les caisses maladie font partie intégrante du système et sont là pour rester. Aux politiques d’être suffisamment indépendants pour les inciter à davantage de coopération. Mais refuser d’aller vers une transparence améliorée du système ambulatoire et des soins de longue durée, c’est refuser un cadeau car la tête du facteur ne nous revient pas.
La fronde syndicale se lit aussi comme une tactique politicienne peu inspirée: un nouvel échec dans les urnes donnerait un coup de pouce à l’initiative pour une caisse unique que la gauche annonce pour l’an prochain.
Entre la promesse de raser gratis des partisans et la menace des foudres de l’enfer des opposants, ne nous laissons pas enfumer: les primes maladie continueront de grimper. Mais sans doute moins sensiblement que ces dernières années, grâce à une participation accrue – et plus sociale – des cantons.
Ce premier pas va dans la bonne direction, même s’il n’est pas aussi spectaculaire que certains l’auraient voulu. Il n’est plus temps de faire du surplace en espérant une réforme complète et parfaite, qui ne viendra jamais.