CHRONIQUE. Outre-Atlantique, la société connaît un degré de division inédit depuis la guerre de Sécession. Un certain sens du sacré, tel que l'a décrit le sociologue Robert N. Bellah, a disparu. Un effacement qui ébranle le monde

Tout le monde l’assure sur un ton plus ou moins apocalyptique, la présidentielle américaine du 5 novembre ne sera pas une élection comme les autres. A commencer par les candidats, qui ont d’ores et déjà mis en garde leurs supporters respectifs: ce pourrait bien être la dernière fois qu’on leur demande d’élire celui ou celle qui les gouvernera. Car la démocratie n’a jamais été autant en péril. Au point que la liberté des électeurs de l’autre camp est perçue comme une menace.

Un aspect entre tous suscite depuis longtemps l’incompréhension des Européens face à leurs cousins d’outre-Atlantique: la place singulière que la religion occupe dans la vie publique américaine, perçue ici comme une idiosyncrasie archaïque, voire une bizarrerie dangereuse. Vision réductrice et caricaturale, qui masque l’essentiel. Tocqueville déjà le remarquait, la religion est inséparable de l’identité démocratique des Etats-Unis. C’est donc quelque chose d’éminemment sérieux.

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