Quelle sera l’influence des questions culturelles sur l’élection présidentielle? Souvent utilisées à des fins politiques, elles témoignent de profonds clivages dans la société américaine qui s’écharpe depuis les années 1960 pour tenter de définir son identité. Interview de l'historien Andrew Hartman

Avortement, droits des LGBTQ+, éducation publique, diversité. Les guerres culturelles sont-elles finalement tout ce sur quoi les gens s’empoignent sur les réseaux sociaux? Du virtuel au réel, aux Etats-Unis, ces questions de «guerres culturelles» – dont le terme a été popularisé par le sociologue James Davison Hunter au début des années 1990 – ont, depuis la sécularisation de l’Etat, toujours animé la vie politique et servi à des fins de mobilisation. Jusqu’en 2024, moment lors duquel cette vie politique en est elle-même devenue l’incarnation: les questions raciales, d’identité, de droit des femmes n’ont jamais été aussi présentes depuis qu’un milliardaire – toujours blanc et âgé – en colère contre l’establishment affronte une femme noire d’origine sud-asiatique et héritière naturelle de l’administration Biden.

Les démocrates ont repris ces questions souvent considérées comme l’apanage des républicains à leur compte, faisant notamment des droits des femmes leur cheval de bataille. Le Grand Old Party riposte sur une autre question clivante. Près de 20 millions de dollars ont été investis dans une publicité anti-trans: «Kamala is a president for they/them. Donald Trump is a president for you», déclame la réclame. Andrew Hartman, professeur d’histoire à l’Université d’Etat de l’Illinois et auteur du livre A War for the Soul of America. A History of the Culture Wars («Une guerre pour l’âme de l’Amérique. Une histoire des guerres culturelles»), décrypte pour Le Temps ces dynamiques qui, à l’aube de l’élection présidentielle, semblent avoir atteint leur apogée.

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