Un tiers des femmes sous hormonothérapie contre un cancer du sein arrêtent leur traitement, en particulier les plus jeunes. Cette thérapie diminue les risques de récidive, mais a d’importantes conséquences pouvant détériorer la qualité de vie

«J’avais des bouffées de chaleur et des insomnies. J’avais l’impression d’avoir un corps de vieille femme, rouillé dès le lever. J’ai pris trente ans d’un coup. J’étais raide, ratatinée, avec des douleurs dans les articulations. La seule chose qui me faisait du bien, c’était d’aller me baigner dans le lac en hiver», raconte Joanne Chassot, diagnostiquée avec un cancer du sein en 2020, à l’âge de 38 ans. Elle avait déjà enchaîné une mastectomie pour retirer la tumeur et un ganglion touché, une chimiothérapie pendant six mois et de la radiothérapie pendant cinq semaines, quand elle commence l’hormonothérapie. C’est cette dernière qui provoque ces effets néfastes. D’autres, générés par la chimiothérapie, ont été renforcés. «Mon cerveau ne fonctionnait plus comme avant, avec des troubles de mémoire et de concentration, une grosse fatigue», se souvient la chercheuse et autrice, travaillant aujourd’hui en tant qu’indépendante. Après huit mois, elle décide d’arrêter l’hormonothérapie.

Selon les études scientifiques et les pays, on estime qu’entre 15% et 40% des patientes interrompent précocement leur hormonothérapie. Or celle-ci offre l’avantage de diminuer de moitié les risques de récidives. Il s’agit d’une thérapie dite «adjuvante», prescrite après les autres traitements (chimiothérapie, chirurgie et radiothérapie), pendant au minimum cinq ans pour prévenir les rechutes chez les patientes dont le cancer du sein est dit «hormonodépendant» – c’est-à-dire que les cellules tumorales se multiplient en présence d’œstrogènes. «Même vingt ans après l’hormonothérapie, son bénéfice est encore mesurable, rappelle Khalil Zaman, médecin responsable du Centre du sein au CHUV. C’est un traitement qui fonctionne.»

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