Le 21 octobre 1874 naissait le général Guisan. L’auteur et journaliste Markus Somm, qui lui a consacré une biographie, revient sur le parcours de celui qu’il qualifie de «héros de l’histoire suisse», à l’occasion des 150 ans de sa naissance

Avec son élection au poste de général de notre armée le 30 août 1939, la Suisse s’est placée avec Henri Guisan là où elle se voyait depuis des siècles: à l’Ouest. C’était une décision intelligente, aussi sur le long terme. A une époque où la «race» était devenue une catégorie politique, et où les nazis l’assimilaient à la «nation», cela n’allait pas de soi. Alors que la Suisse était quasi aux trois quarts germanophone, personne ou presque n’a jamais parlé d’un rattachement au Reich. Guisan fut le garant de cela aussi.

Eté 1941, Hitler rencontre Mussolini au col du Brenner. A un moment, ils évoquent la Suisse. Extrait du procès-verbal: «Le Führer décrit la Suisse comme le peuple et l’entité étatique les plus répugnants et les plus pitoyables. Les Suisses sont des ennemis mortels de la nouvelle Allemagne et déclarent de manière significative que, à moins d’un miracle, les «Souabes» finiront par gagner la guerre. Ils sont ouvertement opposés au Reich parce qu’ils avaient espéré s’en sortir mieux en se séparant de la communauté de destin du peuple allemand – ce qui aura d’ailleurs été le cas pendant une longue période. Mais à la lumière des derniers développements, ils se rendent compte aujourd’hui que leur calcul était faux. Leur attitude était en quelque sorte déterminée par la haine des renégats.»

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