ÉDITORIAL. A l’occasion de la Journée internationale de la paix, ce samedi 21 septembre, il est temps de réagir face à la multiplication des guerres. La Suisse elle-même, toujours prompte à vanter ses bons offices, devrait montrer davantage d’audace pour proposer des médiations

Quand Antonio Guterres sonnera la cloche située devant le Palais de verre ce samedi à New York à l’occasion de la Journée internationale de la paix, le souhait du secrétaire général de l’ONU ne sera probablement pas exaucé: celui de voir les belligérants du monde entier déposer les armes pour au moins 24 heures. C’est le tragique et oppressant constat qui s’impose. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la planète n’a jamais compté autant de guerres. Il y a bien sûr les plus visibles, l’Ukraine et Gaza. Mais d’autres conflits tout aussi meurtriers dévastent des pays comme le Soudan ou la Birmanie.

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Face à cette humanité vacillante, le monde ne peut laisser faire. Ce serait une démission civilisationnelle. Deux jours après l’apocalypse nucléaire d’Hiroshima en août 1945, Albert Camus s’insurgeait déjà: «Il va falloir choisir […] entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques […] entre l’enfer et la raison.» Pour combattre les pulsions guerrières qui ont toujours animé certains dirigeants de la planète, il est temps de donner une chance à la paix. Mais un tel processus ne peut pas avoir lieu à n’importe quel prix. Décréter la paix immédiatement et sans condition en Ukraine, ce serait accorder une impunité à l’agresseur, la Russie, qui a envahi son voisin en février 2022. Cette manière de procéder planterait déjà les germes de futurs conflits. C’est là que les médiateurs de paix doivent intervenir. Si la Suisse a fait un premier pas – insuffisant – en organisant une conférence sur la paix en Ukraine au Bürgenstock en juin, elle peut aller beaucoup plus loin. La Confédération et les pays occidentaux, dont la prospérité dépend d’un environnement international stable, ont la responsabilité de prendre le taureau de la médiation par les cornes. Il y a urgence. Ils ne sont pas les seuls. Des Etats comme la Chine, la Turquie, le Brésil ou certains pays du Golfe peuvent aussi officier comme de nouveaux médiateurs de paix. Mais pour l’heure, la volonté politique fait défaut. A ce titre, alors qu’elle vante ses bons offices, on est en droit d’attendre de la Suisse davantage d’audace. N’est-elle pas à l’origine de l’Initiative de Genève, qui visait un règlement de la question israélo-palestinienne? A Berne, on devrait s’en rendre compte: la frilosité n’est pas le meilleur gage de sécurité. La justice internationale a aussi un rôle majeur à jouer. Mais sa lenteur freine son efficacité. Deux domaines demeurent cruciaux pour former les «peacebuilders» de demain: la culture et l’éducation. Faut-il rappeler que le mouvement terroriste islamiste Boko Haram a pris pour nom une expression qui signifie «interdire les livres»? La culture nous permet d’embrasser une dimension plus large de l’humanité à travers la littérature, le théâtre ou la philosophie. Quant à l’éducation, la Constitution de l’Unesco résume le défi: «Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix.»