Les avocats du prévenu s’opposent à la qualification d’assassinat et surtout à la mesure d’internement réclamée par le parquet. Un enfermement à durée indéterminée qui le plongerait dans l’incertitude tout en annihilant les efforts déjà entrepris en détention

La grande salle du Palais de justice est comble ce jeudi et la défense de Goran* n’a pas de mots assez sévères pour qualifier le réquisitoire «au cœur de pierre» prononcé la veille dans cette affaire des Charmilles. «Excessif, méchant, méprisant, consternant», lance Me Robert Assaël en entamant la dernière ligne droite de ce procès. «On fait de mon client un monstre, un diable, alors que c’est encore un gamin. A trois mois près, il aurait été jugé par le Tribunal des mineurs.» Une peine de 18 ans, assortie d’un internement pour protéger la sécurité publique? «Il faut résister à cette mesure d’élimination», ajoutera Me Yaël Hayat.

Avant d’aborder la scène du crime commis dans ce sous-sol de parking une nuit de janvier 2019, Me Assaël veut évacuer le spectre envahissant de l’agression de Saint-Jean. «C’est une dynamique très différente. Dans l’autre affaire, la violence était programmée, gratuite et les jeunes étaient en surnombre par rapport à leurs victimes. Aux Charmilles, il n’y avait rien de planifié. Il ne voulait pas se battre, il a reçu un coup de poing, il a eu peur, il était en colère et il a sorti son couteau.» Et de décrire ensuite une sorte de déchaînement désordonné. «Il ne voulait pas empêcher les secours, il voulait que tout le monde dégage, il allait dans tous les sens, fâché contre l’autre groupe et contre lui-même pour cette rechute.»

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