Pourquoi sommes-nous si durs avec nous-mêmes? Dans un nouvel essai remarquable, l’autrice franco-suisse sonde les rouages de la culpabilisation, une question bien plus politique qu’on ne pourrait le penser

«Qu’est-ce qui a bien pu te passer par la tête?!», «Tu es tellement bête, la prochaine fois, tais-toi!», «Tu es folle de lui envoyer cet emoji cœur, tu vas le faire fuir!». Vous la reconnaissez sans doute, cette petite voix. Celle qui, nichée au creux de vos pensées, vous sermonne, vous juge, vous flagelle quoique vous fassiez – même quand vous n’avez objectivement rien fait de mal. Cet «ennemi intérieur», Mona Chollet a décidé de l’ausculter pour (tenter de) mieux s’en distancer.

Dans son nouvel essai, Résister à la culpabilisation (La Découverte), l’autrice franco-suisse, véritable égérie du féminisme francophone, remonte aux racines de la flagellation que l’on s’inflige à soi-même. Elle montre comment cette voix tyrannique est en fait le fruit d’une longue «sédimentation sociale et culturelle» extérieure à nos humbles esprits. En 272 pages, la journaliste et essayiste, autrice notamment de Beauté Fatale (2012), Sorcières (2018) et Réinventer l’amour (2021), navigue de la disqualification des femmes à la diabolisation des enfants, en passant par la pression qui pèse sur les mères ou dans le monde du travail. Quarante-huit heures avant la sortie de son ouvrage en librairie, ce 19 septembre, Mona Chollet a répondu aux questions du Temps.

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