La Réserve fédérale américaine a opté pour une approche musclée afin de gérer le ralentissement de la croissance américaine sans provoquer une poussée du chômage

La Réserve fédérale américaine (Fed) abaisse ses taux d’intérêt de 50 points de base, a annoncé ce mercredi soir son gouverneur Jerome Powell. L’institution s’attend à ce que ses taux atteignent 4,4% en fin d’année et 3,4% fin 2025. La Fed frappe donc un grand coup pour lancer son cycle de normalisation de ses taux d’intérêt, inquiète de l’évolution du marché de l’emploi.

Son taux directeur passe donc d’un intervalle de 5,25-5,50% à 4,75-5%, ce qui signifie que la politique monétaire américaine reste restrictive. Mais ce premier pas sera suivi d’autres baisses, la Fed tenant ses prochaines réunions en novembre et en décembre. Avant la décision de ce mercredi soir, les marchés financiers prévoyaient 10 baisses de taux à venir d’ici à décembre 2025.

### Jongler entre croissance et inflation Après les avoir abaissés à zéro en mars 2020 pour relancer l’économie face à la pandémie de covid, la Fed avait commencé à relever ses taux en mars 2022, pour les amener rapidement à 5,25-5,50%, fin juillet 2023. Un niveau jamais vu depuis une vingtaine d’années, qui visait à lutter contre l’inflation provoquée par la guerre en Ukraine et la pandémie. Les taux élevés sont efficaces pour juguler l’inflation, en ralentissant les investissements et les embauches. Mais s’ils demeurent élevés trop longtemps, ils risquent de faire dérayer l’atterrissage en douceur visé par la Fed, dans lequel les prix se calment sans que le chômage ne bondisse ni que la croissance ne s’écrase. A l’inverse, abaisser trop rapidement les taux risquerait de faire repartir la machine économique, avec un risque inflationniste. Après avoir réussi à ramener l’inflation en direction de sa cible de 2%, la Fed avait annoncé cet été lors de son symposium de Jackson Hole que son attention se porterait davantage vers le marché de l’emploi. ### Les marchés penchaient pour -0,50 Pour ce mercredi soir, les investisseurs anticipaient -50 points de base, même si le sentiment était partagé sur les marchés. Une baisse de 25 points de base est l’option souvent privilégiée par les banques centrales, encore récemment par [la Banque centrale européenne](https://www.letemps.ch/economie/finance/la-banque-centrale-europeenne-baisse-a-nouveau-ses-taux) et la [Banque nationale suisse](https://www.letemps.ch/economie/la-bns-assouplit-a-nouveau-sa-politique-monetaire?srsltid=AfmBOopymTqeW33jZyH-Un-u3u_VSe04K-MEjVQJ1ndicHdL2Az8eaHp). Aux Etats-Unis, les chiffres de l’inflation dévoilés le 11 septembre, [supérieurs aux attentes en ce qui concerne la hausse des prix sous-jacente](https://www.letemps.ch/economie/finance/plus-elevee-que-prevu-l-inflation-sous-jacente-ecarte-une-baisse-de-50-points-de-base-des-taux-americains), semblaient écarter l’option d’un recul de 50 points de base. Mais des articles de presse avaient semé le doute dès le lendemain, en particulier celui publié par le [_Wall Street Journal_](https://www.wsj.com/economy/central-banking/fed-interest-rate-cut-size-861c9600?st=W89NeC&reflink=desktopwebshare_permalink&utm_source=substack&utm_medium=email), qui décrivait à quel point les membres du comité de la Fed étaient partagés entre -25 et -50 points de base.
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Le papier était signé Nick Timiraos, journaliste connu pour avoir ses entrées dans les plus hautes sphères de la finance américaine et pour avoir pratiquement annoncé une hausse surprise de 75 points de base en juin 2022, alors que tout le monde s’attendait alors à une progression de 50 points de base.