L’orchestre est le maître d’œuvre de cette nouvelle production un peu plate de l’opéra de Wagner, qui manque d’aspérités théâtrales. Les seconds rôles sont excellents, tandis que les premiers sont plus inégaux

C’est toujours une grande aventure de se lancer dans un opéra comme Tristan & Isolde, et il est rare que tous les ingrédients soient réunis pour concourir à une réussite. L’œuvre est monumentale (la représentation durant presque cinq heures) et il faut une endurance sans faille pour dominer les deux rôles principaux. La plupart du temps, les chanteurs arrivent exténués au bout de l’opéra. Ce fut le cas, dimanche vers 22h, au terme de ce drame lyrique fébrile bâti sur un poème aux vers parfois verbeux et abscons du compositeur, tant on nage dans de la métaphysique wagnérienne.

Or c’est au sol, à même le sol, que se jouent beaucoup de scènes dans la nouvelle production du metteur en scène Michael Thalheimer et du scénographe Henrik Ahr au Grand Théâtre de Genève (GTG). Plus d’une fois, les protagonistes doivent chanter dans des positions inconfortables et se contorsionner pour se relever (Tristan en particulier), avec une part de gêne vocale. Un parti pris qui s’explique par les conflits d’intérêts qui minent les personnages (trahison, colère, impuissance…) et occasionnant la grande guerre des sentiments qui se joue dans cet opus magnum – ou «wagnum»!

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