La marque horlogère sort une nouvelle version de son célèbre Type XX. Un modèle dont la manufacture conjugue finement maintien des traditions et innovation, le tout dans un souci artisanal prônant le fait main. Découverte
Rester fidèle à son histoire tout en innovant; voici comment résumer en une phrase ce qu’incarne le nouveau Type XX. Le modèle iconique de Breguet, revisité dans sa dernière version, représente un parti pris assumé, prolongeant sa tradition tout en prenant la liberté d’explorer les techniques et matériaux de notre époque. En même temps, la marque reste intransigeante sur son positionnement artisanal, le fait main et ses métiers d’art se retrouvant dans tous ses processus de manufacture. On en parle avec Emmanuel Breguet, vice-président, et Lionel a Marca, CEO depuis maintenant trois ans. Interview.
Le Type XX incarne le savoir-faire historique qui a fait la réputation de Breguet. En quoi ce patrimoine persiste-t-il aujourd’hui?
**Emmanuel Breguet**: Dans les années 1950, lorsque le Type XX est sorti à la suite de la commande passée par l’armée de l’air, l’horlogerie était encore caractérisée par une certaine utilité, avant d’être un marché de luxe. Une utilité au service de la science, de la société et du progrès de manière générale. Depuis ses débuts, Breguet a toujours maintenu un fort ancrage en ce sens. D’abord en manufacturant des modèles spécifiquement adaptés aux besoins de la navigation maritime et de l’aéronautique, aussi bien dans le domaine civil que militaire, puis en fournissant des chronographes ayant accompagné le développement des chemins de fer. Cette dimension historique et ce caractère essentiel, en particulier au pilotage, restent aujourd’hui très appréciés et reconnus. Les montres de pilote s’avèrent d’ailleurs toujours autant prisées, alors même que la complexité initiale nécessaire à la conception de ce type de modèles est plutôt sous-estimée.
### Fournir l’armée de l’air ou encore la Marine nationale constitue en outre un gage de crédibilité plutôt unique.
Emmanuel Breguet: Il s’agit en effet d’un prestige qui, à ce jour, reste toujours autant admiré et reconnu. Outre cette question de crédibilité et de légitimité, il faut aussi rappeler que ces commandes militaires passées dans l’après-guerre ont constitué un second souffle économique bienvenu pour la marque dans une période particulièrement difficile. Au total, entre le Centre d’essais en vol, l’armée de l’air et la Marine nationale, ce sont près de 1800 montres qui ont été commandées à Breguet dans les années 1950. Un volume qui, pour l’époque, s’avérait conséquent.
### Quel a été l’objectif de cette dernière version, qui marque la quatrième génération du modèle?
Lionel a Marca: Il s’agissait avant tout de mettre au goût du jour ce modèle historique, en élaborant un chronographe avec les techniques du XXIe siècle. Dans ce sens, l’objectif a surtout consisté à revisiter cette montre pour lui donner une nouvelle identité, notamment en créant son propre mouvement et en la dotant d’un esthétisme contemporain et de performances techniques poussées. En effet, ce dernier a été entièrement développé au sein de notre manufacture située à la vallée de Joux.
### Quelles sont les nouveautés à connaître quant à ce modèle?
Lionel a Marca: Nous avons pris la décision de mettre un quantième. Une complication que nous avons souhaité intégrer afin de ne pas simplement faire une réplique et de correspondre aux demandes des clients tout en proposant un produit novateur. Un choix qui a d’ailleurs nourri une certaine discussion auprès de nos clients et des passionnés de la marque. Cette pièce reste cependant possible à enlever facilement et, à l’avenir, nous nous apprêtons aussi à proposer une version sans quantième. Parmi les autres nouveautés à connaître, on peut également mentionner une boîte en or rose, un bracelet interchangeable ainsi qu’une réserve de marche de soixante heures, soit davantage que la plupart des montres actuelles. Il était essentiel pour moi de proposer une montre que l’on peut déposer deux jours à la maison sans qu’il soit nécessaire de la régler à nouveau.
### A quel type de clients s’adresse ce modèle?
Lionel a Marca: On pourrait classer le Type XX dans la catégorie du luxe accessible. Avec un prix oscillant aux alentours de 20 000 francs, c’est un modèle qui permet de toucher une clientèle de connaisseurs et de passionnés relativement vaste. Le Type XX parle en outre aux personnes qui apprécient la nouveauté et le degré de créativité avec lequel nous l’avons conçu. La pièce se vend par ailleurs très bien au Japon, où ces caractéristiques contemporaines sont assez recherchées.
### Le Type XX, c’est aussi et surtout une question de conciliation entre préservation du patrimoine et innovation. Comment conjuguer ces deux dimensions?
Emmanuel Breguet: La quatrième génération du Type XX se distingue des précédentes avec son nouveau mouvement. Nous sommes repartis d’une page blanche pour cet élément. En même temps, son aspect reste vintage avec de gros clins d’œil à la version militaire ainsi qu’à certains modèles civils, en étant d’ailleurs plus proche du modèle d’origine que de la deuxième et troisième génération. Nous sommes revenus aux sources sur ce point. Cet équilibre entre conservation du patrimoine et capacité à innover se joue donc entre ce que l’on trouve à l’intérieur de la montre et son aspect extérieur.
> Cet équilibre entre conservation du patrimoine et capacité à innover se joue donc entre ce que l’on trouve à l’intérieur de la montre et son aspect extérieur.
### **Que peut-on dire quant à sa manufacture et aux métiers d’art, si chers à la marque, qui ont permis de concevoir cette nouvelle version?**
Lionel a Marca: Le fait main et la dimension artisanale constituent en effet des valeurs centrales chez Breguet. Tous nos composants sont issus de processus manuels, pour lesquels des savoir-faire de pointe et une grande dextérité s’avèrent nécessaires. Des points sur lesquels notre clientèle se montre d’ailleurs très attentive et regardante. Le mouvement du Type XX est par ailleurs signé à la main, en faisant ainsi une œuvre d’art sur laquelle beaucoup de spécialistes de la marque sont intervenus. Chez Breguet, nous ne sous-traitons quasiment rien, et les métiers d’art que sont l’émaillage, le travail horloger, le guillochage ou encore le martelage constituent autant de techniques et de savoir-faire manuels que nos artisans ne pourraient pas acquérir ailleurs. Nous restons en même temps un acteur horloger tourné vers les techniques et processus d’automatisation propres au XXIe siècle. Le fondateur de la marque Abraham-Louis Breguet était lui-même un inventeur et un ingénieur tourné vers le progrès. Le maintien des traditions seules, sans bénéficier de la technologie moderne, n'aurait pas de sens dans notre époque.