OPINION. L'une a regardé son adversaire, l'autre s'en est bien gardé; l'une a parlé de demain, l'autre d'hier. A quoi tient que Kamala Harris est considérée comme la gagnante du débat télévisé du 10 septembre? Décryptage de Steve Oswald, maître d’enseignement et de recherche en linguistique anglaise à Université de Fribourg

La plupart des médias américains et internationaux semblent s’accorder sur la victoire de Kamala Harris lors du premier débat présidentiel qui l’a opposée à Donald Trump. Un éclairage rhétorique des stratégies déployées par les deux candidats permet de mettre en lumière certaines différences fondamentales entre leurs styles respectifs et d’expliquer, peut-être, ce sentiment médiatique partagé par de nombreuses rédactions.

Sur le plan de la courtoisie, d’abord, ce qui saute aux yeux, c’est la manière dont l’utilisation de ressources non verbales, en particulier le regard, diffère entre la démocrate et le républicain. Si Kamala Harris a fréquemment regardé son adversaire dans les yeux lorsque son discours le concernait, Donald Trump n’a, quant à lui, daigné poser son regard sur son interlocutrice qu’à une seule reprise pendant l’heure et demie de débat. De surcroît, il s’est agi d’un regard méprisant et dominateur, accompagné d’un «Je suis en train de parler, si cela ne vous dérange pas… Est-ce que cela vous rappelle quelque chose?» reprenant les mots employés par son adversaire dans un débat de 2020 avec Mike Pence, alors vice-président de l’administration Trump.

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