Après les triomphes d’«Anatomie d’une chute» ou de «Saint Omer», et alors que «Le Fil» et «Le Procès du chien» sont actuellement en salles, le genre semble connaître un véritable âge d’or. Décryptage des raisons d’un succès

Une pluie de récompenses amplement méritées s’est abattue sur Anatomie d’une chute (2023), de Justine Triet, depuis qu’il a reçu la Palme d’or du Festival de Cannes. Les excellents Saint Omer (2022), d’Alice Diop, et Le Procès Goldman (2023), de Cédric Kahn, ont de leur côté décroché un César. Ces longs métrages ont marqué les esprits l’an dernier. Ces jours sortent deux autres films de procès réussis: Le Fil, de Daniel Auteuil, et Le Procès du chien, de Lætitia Dosch. Si on ajoute à cette liste une bonne demi-douzaine d’autres titres récents, on assiste à un véritable boom du genre. Pourrait-on parler d’un âge d’or du film de procès francophone?

Joint par téléphone, Thibault de Ravel d’Esclapon, auteur du récent La Justice au cinéma (Ed. Lefebvre Dalloz, 2023) et enseignant-chercheur sur ce thème à l’Université de Strasbourg, en est convaincu: «Nous vivons actuellement en France quelque chose de comparable à l’âge d’or des films américains de procès des années 1950-1960, qui ont produit des chefs-d’œuvre comme Autopsie d’un meurtre (Otto Preminger, 1959), Douze hommes en colère (Sidney Lumet, 1957) ou Témoin à charge (Billy Wilder, 1957). Même si l’aire francophone a connu des films de procès dès les années 1930, avec Accusée, levez-vous! (1930) de Maurice Tourneur, nous nous étions un peu convaincus que le modèle inquisitoire français se prêtait moins au cinéma que le modèle accusatoire américain. Nous nous sommes rendu compte que c’est faux, notamment avec des films exceptionnels comme Saint Omer.»

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