Dans son œuvre et dans sa vie, la romancière belge ne cesse de revenir au pays où elle a vécu sa tendre enfance

A chaque rentrée littéraire d’automne depuis Hygiène de l’assassin, en 1992, voici un nouveau roman d’Amélie Nothomb. Il y a quelque chose de rassurant dans cette fidélité, cette précision de métronome. Quelque chose de lassant aussi, dans cet éternel retour. Le risque est d’autant plus grand à voir le millésime 2024 creuser l’une des meilleures veines de l’autrice belge: son rapport au Japon, comme dans l’excellent Stupeur et tremblements (sur l’impitoyable milieu du travail nippon) ou Ni d’Eve ni d’Adam (sur une relation amoureuse avec un Japonais).

Pourtant, la narratrice de L’Impossible Retour est toujours d’une compagnie délicieuse. Son écriture se teinte d’une légère amertume de thé matcha et devient plus profonde. Son raffinement semble couler de source. Il en va de même de la gastronomie (souvent évoquée dans ces pages) et du style littéraire: le graal, c’est de viser la simplicité, la pauvreté, le sourd. «Manger un kaki amer, boire du matcha dans un bol dépourvu de bord lisse, vieillir en devenant aussi ridé que de l’écorce, ignorer le clinquant et le brillant tant dans l’expression que dans les actes, c’est suivre la voie du shibui: le comble du bon goût.»

Voir plus