Accusé d’être un prédateur et d’avoir profité de la vulnérabilité de ces travailleuses du sexe pour assouvir ses pires fantasmes, le prévenu nie absolument toute violence et évoque des actes consentis. Le Ministère public a requis une peine de 9 ans de prison

Elles sont toutes tremblantes rien qu’à l’idée de le savoir bientôt dans cette salle d’audience du Tribunal correctionnel. Lui, c’est Steve*, 34 ans, accusé d’avoir été particulièrement brutal et cruel avec ces trois travailleuses du sexe contactées via un site spécialisé. Jugé depuis mercredi à Genève, principalement pour viols, lésions corporelles, séquestration et mise en danger de la vie d’autrui, le prévenu conteste être ce sombre prédateur dépeint par les parties plaignantes. «Je suis toujours très doux, je suis un gentleman», assure-t-il. La présidente Katerina Figurek Ernst lui rappelle alors ce message envoyé à une ex-compagne qui portait son enfant: «N’oublie pas que mon fils a mes gènes. Il va te frapper.» Et le prévenu de rétorquer: «C’était pour l’embêter.»

Steve, dont le dossier très singulier avait été dévoilé il y a tout juste une année par Le Temps, est accusé d’avoir agressé Elsa*, une prostituée espagnole, en juillet 2021. Ces faits, qui n’ont pas été pris très au sérieux, ont d’abord donné lieu à une ordonnance de non-entrée en matière. Il faudra une seconde plainte, celle de Doris*, une ressortissante franco-suisse secourue par des voisins en janvier 2022 alors qu’elle hurlait, pour que Steve soit arrêté. Pas longtemps. Les conclusions d’une expertise psychiatrique faisant état d’un esprit sain et d’un risque de récidive faible (le degré est désormais monté d’un cran), il sort de prison en octobre de la même année. En janvier 2023, c’est la police qui intervient dans un appartement de Morges pour libérer Maria, une jeune Colombienne, à qui le prévenu aurait fait vivre un enfer tout en lui mettant un couteau sous la gorge.

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